Décidément je n'ai pas de veine en ce moment pendant les nuits ! Dans la petite église située à la sortie d'Estaing
transformée en gite, le dortoir du 1er étage est au trois quart plein à 21 heures. A peine endormi que deux ronfleurs se renvoient la balle. Impossible de fermer l'oeil malgré les claquements
de mains d'un groupe de français. Vers 23 heures, partis tambour battant toute la nuit, et ne trouvant pas le sommeil je décide à nouveau d'aller dormir dans la salle à manger au rdc en
m'équipant du matelas et du duvet.
Et la nuit se passe à merveille ! Vers 7 heures, je suis réveillé tout naturellement et nous sommes surpris assis autour de
la table pendant le ptit déjeuné de ne pas apercevoir les 2 responsables des têtes chafouines de mes collègues marcheurs !
J'apprend que la sérénade a durée toute la nuit espacée seulement de quelques temps mort bien trop court. N'ayant rien
entendu de leur départ, on se demande s'ils ne sont pas partis de bonne heure afin d'éviter le retour de flammes au ptit déj ! Une fois le café et les tartines avalées, la bonne humeur et les
sourires reviennent...
On discute, on échange des conseils, la météo est toujours un sujet majeur dans les conversations, on demande d'où vous
venez et où vous allez... C'est bon esprit et chaleureux.
Parmi nous un couple de randonneurs habitué à la voie du Puy nous dévoile l'étape du jour sans trop en
dire !
Il est vrai que depuis quelques jours nous ressentons une réelle authenticité dans les villages que nous traversons et ce depuis l'entrée en Aveyron mêlée aux
paysages grandioses d'une grande variété géologique.
Dans les conversations j'apprend que c'est l'un des plus grands départements de France en terme de superficie... Après recherches sur internet à l'aide de mon
smartphone, le département se positionne en 5ème position.
Depuis quelques jours, j'entend également revenir à plusieurs reprises le village de Conques dans toutes les conversations !
Une fois prêt et tout au carré, je souhaite bonne route à tout le monde et
peut-être à une prochaine. Je règle mon sac et c'est parti pour 17 kms sur les plateaux et les gorges de l'Aveyron.
Il est 8 heures quand je quitte le village d'Estaing en longeant le Lot où je croise au milieu du chemin une multitude
d'écureuils filant se cacher dans les arbres de branches en branches dès que j'approche... j'essaye de les prendre en photos mais sans résultat ! trop rapides ces petites boules de
poils...
Arrivé sur une plateforme rocheuse je contemple une dernière fois la cité d'Estaing ancrée
sur une boucle fluviale et son château perché encadré de deux éperons rocheux. Le village mérite bien sa mention de Plus Beau Village de France.
Continuant dans les sous-bois à la montée légère, je débouche
sur une route goudronnée que je dois suivre pendant environ 4 km et toujours en montée... Cette portion me rappelle les étapes du Tour de France dans les Pyrénnées avec ses lacets et ses cols
qui n'en finissent jamais...
Je boucle ma ceinture ventrale, inspecte mes réglages et me lance en imprimant une bonne
cadence... commençant à bien saisir le fonctionnement d'un sac de
randonnée, je sens qu'au fur et à mesure de mon avancée je gagne en stabilité grâce aux
multiples sangles et aux possibilités de verrouillage !
Parfois, sur le plat je n'hésite pas à détacher quelques sangles
pour être plus à l'aise, mais dès que l'occasion se présente, en un coup de vis et sans chercher midi à 14 heures, le sac est réglé dans
l'instant !
Vers 11 heures
j'atterris sur les crêtes en direction de Golinhac. Les paysages et les couleurs sont splendides...
Partis à 300 mètres d'altitude, je dois me
situer aux alentours de 500 mètres.
Nous sommes dans les vallées du Lot, un bassin versant délimité par des lignes de
crêtes...
Sous l'effet de l'écoulement des eaux vers les plaines et les cours d'eau, ce mécanisme naturel a
permit aux habitants des vallées de venir d'installer sur les berges du Lot, d'y exploiter les terres puis de bâtir de petits villages dont certains sont devenus des Hâltes Jacquaires sur le
chemin de Compostelle.
Entretemps le vent s'est levé et quelques nuages apparaissent derrière les lignes de
crêtes...
Il est midi passé et je pars à la recherche d'un abri le temps de manger quelques
bricoles.
Le déjeuner vite avalé, je repars sans rencontrer de randonneurs depuis ce matin.
Golinhac apparait plus tôt que prévu au bout du chemin qui tortille à la limite des crêtes. Je passe devant une croix à l'éffigie de Compostelle puis distingue une auberge et un église à la patine
usée parle temps installées en bordure d'un plateau (An 950).
La vue est superbe et j'en profite pour m'installer à la
terrasse en commandant un café...
En quelques minutes j'aperçois les gorges des vallées et les
crêtes s'assombrir sous l'effet d'épais nuages menaçant... L'atmosphère devient pesant sans le moindre battement de vent, l'horizon est éclairé de reflêts scientillant puis se produit
d'étranges phénomènes provenant des profondeurs... Le changement soudain des températures au sol à fait apparaitre des nappes blanchâtres en suspension... Les couleurs détonnent puis se
dessinent un arc en ciel à cheval sur les vallées...
Spectacle saisissant mais ephémère...
Me hâtant au cas d'une averse, je file vers l'intérieure de l'église de style pré-romane en m'engoufrant par le déambulatoire où trônent les statues
et tableaux représentant diverses scènes de la bible animés par je ne sais quel prodige, j'ai comme l'impression que les personnages reprennent vie dans leur décor antique - simple effet
d'optique à la lueur des bougies je réussis à me frayer un chemin jusqu'à la porte d'entrée où je retrouve mes esprits - de là il me faut rejoindre le camping où parait-il existe un accueil
pour les marcheurs après la grande saison estivale qui vient de se terminer fin aout.
Arrivé au camping en 10 minutes avec piscine vidée de ses touristes, je fais connaissance d'un Bordelais, un couple de Canadiens, un américain du Texas et quelques Français qui font aussi le chemin de Compostele - dans l'après-midi nous en profiterons
pour nous baigner dans la piscine mais très vite nous devons rejoindre nos chambres sous un ciel menaçant et un vent de plus en plus violent - cloîtrés, nous passerons une nuit des plus
agitée avant de rejoindre demain matin la cité de Conques, un site exceptionnel...
Fin de l'étape
Crédentiale tamponnée